MOBILE ÉTOILE
Musique composée par Jérôme Lemonnier
La Majeur - Digisleeve
Bande Originale du Film de Raphaël Nadjari (I Am Josh Polonski's Brother, Apartment #5C) : Mobile Etoile (2016)
Composée par Jérôme Lemonnier (Piano Works 1)
Tracklisting :
1. Mobile Etoile
2. Louange à l’Eternel
3. La Montagne Sacrée
4. Le Miracle de la Clef
5. Prière du soir
NOTE SUR LA MUSIQUE DU COMPOSITEUR JÉRÔME LEMONNIER
C’est environ six mois avant le tournage que Raphaël Nadjari m’a contacté pour écrire les musiques de son film MOBILE ÉTOILE. Le travail musical à réaliser m’a tout de suite séduit par sa singularité, tant sur le plan esthétique que sur celui de sa réalisation technique. Raphaël me proposait, au travers de son film, un voyage musical de cinquante ans au cœur de la musique française,plus précisément de la mélodie française.
De 1870 à 1930, cinquante ans d’une période riche et féconde, jalonnée par des compositeurs de très grand talent, parfois de génie : Jacques Offenbach, Vincent d’Indy, Gabriel Fauré, Henri Duparc, Darius Milhaud, Maurice Ravel...
Il y a maintenant quelques années, j’avais eu la chance de découvrir et d’étudier ces auteurs dans les classes d’écriture du CNSMDP (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris). C’était donc une formidable occasion de renouer avec ces compositeurs en dehors des salles du Conservatoire !
De plus, il s’agissait d’un autre modèle de musique de film que celui avec lequel j’avais jusqu’ici travaillé. Une musique entièrement écrite avant le tournage, destinée à être mise en scène et intégrée à la structure du film. Par conséquent, cette musique serait interprétée par des acteurs dirigés par un metteur en scène, échappant par là même au contrôle de son compositeur. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme (et un peu d’incertitude) que je me suis mis au travail, aidé en cela par des discussions approfondies avec Raphaël, portant autant sur le film lui-même que sur l’esthétique de l’Ecole Française du début du XXe siècle. Cette Ecole se caractérise d’abord par la mise en valeur de la mélodie, la recherche de l’élégance et de l’équilibre dans la sobriété du langage. Ainsi, en l’espace de trois mois a vu le jour un ensemble de sept chansons composées sur les adaptations de textes hébraïques d’Emmanuel Moses. Il a fallu écrire les chansons puis les enregistrer comme un brouillon. C’est cette maquette qui a ensuite servi de base de chant pour les acteurs sur le tournage à Montréal.
La composition de la musique de film, la plupart du temps, vient après les images. Elle se superpose généralement aux images. Ici ce fut le processus inverse : le film tourné résulte de la musique. C’est donc un film de musique avant une musique de film ! On se met en danger lorsque l’on travaille dans cet ordre-là : on n’a pas d’images, on ne travaille sur aucun support précis. L’opportunité de travailler sur ces chants adaptés par Emmanuel Moses a représenté un défi très intéressant d’un point de vue musical. Ces textes sont à la fois très concis et en même temps très denses. Il a fallu mettre les chansons en perspective les unes par rapport aux autres, trouver une cohérence, une homogénéité.
Dans la musique classique, la religion est omniprésente à travers les âges jusqu’au 17ème. Après le 17ème, les portes de la musique s’ouvrent au monde profane. La période romantique rend possible la rencontre entre le profane et le religieux. En fin de compte, qu’il s’agisse de sublimation des sentiments ou de divin, les artistes racontent toujours la même chose, mais dans des formes différentes en fonction de l’époque où ils vivent...
Simon-Charles Bloch, le compositeur oublié dont le personnage d’Hannah essaie de retrouver la trace, est une sorte de fantôme qui survole tout le film et qui synthétise un peu tous ces courants musicaux qui ont vu le jour entre 1830 et 1930. Il représente l’esprit de la musique française de cette époque. Bloch est l’incarnation musicale de tous ces courants à lui tout seul:quelque part entre la religiosité d’un Fauré et la retenue d’un Ravel.
La chanson intitulée Mobile Étoile est la seule pièce musicale qui existait déjà et qui n’a donc pas été créée pour le film. Il s’agit d’une pièce du compositeur Fernand Halphen dont j’avais découvert l’œuvre lorsque j’étudiais au Conservatoire. La chanson existait avec son arrangement propre.
J’ai réarrangé en gardant strictement la mélodie mais en la présentant d’une façon nouvelle qui pouvait s’insérer plus facilement dans l’univers musical voulu par Raphaël. C’est très émouvant de voir maintenant le film fini. On fait les choses, on travaille la musique mais cela a besoin d’être fécondé par l’histoire, par l’incarnation des acteurs ; ce sont eux qui font naître les émotions à la fin. Tous se sont appropriés les paroles et la musique avec une grande modernité tout en restant dans l’esprit que Raphaël souhaitait insuffler. Et en fin de compte, le résultat est totalement différent de l’idée que je m’en faisais... C’est très émouvant de voir maintenant le film fini. On fait les choses, on travaille la musique mais cela a besoin d’être fécondé par l’histoire, par l’incarnation des acteurs ; ce sont eux qui font naître les émotions à la fin. Tous se sont appropriés les paroles et la musique avec une grande modernité tout en restant dans l’esprit que Raphaël souhaitait insuffler. Et en fin de compte, le résultat est totalement différent de l’idée que je m’en faisais...
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- CD